L'architecture et les constructions incas.

Vaste et complexe sujet.
En effet les Incas vont, dans le Tahuantinsuyu, un territoire de plus de 3 millions de kilomètres carrés, construire en utilisant les matériaux locaux ou importés de régions diverses du territoire: des ñan (chemins), chaka (ponts), huasi (maisons), des huaca (temples), des kallankas (salles communautaires), des colcas (greniers), des canalisations, des acqueducs, des pakcha (fontaines), des tampu ou tambos (relais), des llacta (cités, des villes entières), etc ou occuper et transformer peu ou prou des cités et constructions réalisées par d'autres populations aussi bien sur la côte que dans les Andes ou en Amazonie. Une gestion qui concerne au moment de sa plus grande extension démographique aux alentours de 20 millions (10 pour les plus réservés et plus de 20 millions pour les plus enthousiastes)  d'habitants, toutes populations du Tawantinsuyu confondues.




Les matériaux utilisés seront en général (mais pas exclusivement):
La boue et l'argile serviront aussi de mortier, d'élément aussi de lissage pour les construction en adobe, voir délément permettant de faire dans certains cas "glisser" les blocs de pierre tirés et poussés.
Les types de bois utilisé sont bien évidemment des essences natives ou de régions voisines comme:
Chachacomo (Escallonia Sp.),
Quishuar (Buddleta incana)
Queuña (Polylepis Sp.)
Tara (Caesalpina spinoza)
Aliso (Alnus jorullensis)
Sauco (Sambucus peruvianus)
Huarango (Acacia macracantha)
Molle (Schinus molle)
Chonta et pijoayo, Pona ou kachapona, Yanchama (Poulseria armata), Caimito (Pouteria sp)  en Amazonie
Titanka (puya Raimondi) dans des zones andines proches de "forêts" de Puya Raimondi
Les moyens de transport de ces pierres sont aussi divers
selon, leurs volumes et poids, mais aussi selon les matériaux disponibles dans la zone.
Poussés et tirés à  l'aide de cordages par des dizaines, des centaines d'hommes,  sur des rondins ou des lits de galets enduits de graisses ou encore de la boue lorsque le sol est plat ou lorsqu'il faut gravir les plans inclinés construits pour  permettre l'amenée des blocs à hauteur et emplacement souhaités.
Des cours de rivières ou de fleuves mêmes seront détournés pour permettre leur franchissement de ces zones lorsque nécessaire du volume des blocs choisis.

 

Ces pierres sont de:

Porphyre rose, gris  (roche magmatique endogène à refroidissement lent)
Granite gris, rose, verdâtre (roche endogène plutonique)
Andésite gris, verdâtre, jaunâtre ou noir (roche endogène magmatique)
Diorite gris, vert
Basalte vert, gris, noir
du sillar (roche endogène magmatique sorte de tuf volcanique), blanc, noir.
Il y a aussi les éléments exogènes  et sédimentaires.
De la quartzite, du grès et du sable
Des phyllades, du calcaire et de la craie
Du schiste et de l'argile

Pour les instruments et outils

Obsidienne (matière endogène volcanique de projection a refroidissement rapide donnant vitrification) pour faire des couteaux pour couper cordages et cuirs, des pointes d'armes de jet et autres armes blanches.
Quartzite (matière métamorphique provenant de matériaux exogène) cristallisation
Des pierres de différents niveaux de dureté, de pierres de fer météoritique.
Le sable sert d'abrasif
etc...

Planification
Il semble que dans un certains nombre de cas, des dessins, mieux, des maquettes aient été réalisées avant de commencer la construction proprement dites. Mais, si ce n'est peut-être pas une généralité, elle a, néanmoins,  été bien présente. Ce genre de préparation et de planification aurait été réalisées par différentes populations dont les Wari et les Incas.

Au départ lorsque la seigneurie inca n'a que petit territoire de quelques milliers de kilomètres carrés. celles-ci sont essentiellement dépendantes des éléments existant de la nécessité absolue de construire en raison de distances  de cités à sites des populations conquises ou à conquérir, au gré des expansions et régressions.

Wiracocha lui-même exige des vaincus et notamment des Caytos de construire pour lui une cité "secondaire" en bordure de la Vallée Sacrée et élever un temple à son dieu.

Quant à Pachacutec la construction sera une véritable obsession. Il faut faire de la ville de Cusco une ville phare symbole de la puissance, de la magnificence, de la supériorité,  elle doit être à l'image d'un puma magnifique et redoutable allongé paisiblement au coeur d'un vaste empire dont la force, la vivacité, l'intelligence sont formées des lignages, des panacas, leurs palais, leurs temples et leurs dieux.
Tout part de, tout va vers cette capitale, ville qui doit être la plus magnifique de toutes et dominer le monde connu.
 Souvent d'ailleurs, villes et cités sont construites à l’image de la capitale ou prenant exemple sur elle et/ ou de la division de l’empire.
C’est dire divisées en une partie haute et une partie basse, possédant un Ushnu ou adoratoire, puis 4 divisions figurant les 4 régions de l’empire et pointant d'ailleurs dans la directions de ceux-ci, des quartiers etc .  Le principe double ou de symétrie (parfois uniquement verticalement ou seulement horizontalement) est souvent présent à la fois dans la division des aires occupées mais aussi dans le noms de villes ou des cités ; C’est ainsi que l’on trouvera plusieurs cités (au moins deux) portant le même nom ou à peu près comme c’est le cas pour Chqoaue Quirao on en trouve un surplombant le fleuve Apurimac et un autre plus petit près de Cusco, même chose pour Koriwayrachina et d’autres encore.

Les techniques seront aussi variées.

On en retrouvera parfois plusieurs d'utilisées en un seul et même bâtiment.
Car il est FAUX de croire que là où l'on trouve comme à Cusco, Raqchis ou à Huchuy Cusco et autre un bâtiment dont la partie basse jusqu'à mi-hauteur est en pierre et la partie plus haute en adobe que la partie en pierre soit inca et l'autre d'une autre population; espagnole par exemple. Des construction ayant ces caractéristique sur des bâtiments qui n'ont été aucunement aménagé par les Espagnols. Des murs, des portes à doubles jambages donc même de bâtiments importants ont été réalisés en adobes. Les lintaux de bois alors placés pour les parties supérieures des portes, des fenêtres ou des niches étaient entourrés d'ichu ou sorte d'herbe sèche pour protéger le bois de la pourrissure.


Les toits étaient construits par les "Huasi K'catac". La majorité des toitures sont construites d'une solide charpente en bois, arrimées à des pignons de pierre épousant la formes des angles du toit, et présentant appendices et boucles ou anneaux de pierre permettant d'accrocher fermement la charpente et de ce fait la toiture au bâtiment. Des linteaux aux portes, des poutres ou architraves parfois également.


 

Cette charpente était couverte d'une sorte de chaume faite d'herbe sèche appelée ichu pour la partie andine, et de sorte de palmes en zone amazonienne. Il eut aussi des toit réalisés en pierre et terre, ardoises et autres pierres plates ou non (comme à certains endroits à Choque Quirao) notamment dans certaines zones isolées ou lorsqu'il s'agit de constructions funéraires, comme les "Chulpas".

Si certaines ont l'ouverture dirigée vers l'Est pour voir le lever de soleil, la plus part possèdent une entrée orientée plein sud comme les colqas, les greniers de conservation de nourriture. Pourquoi ? Parce qu'alors elle ne sont jamais exposées au soleil et recueille au contraire les vents les plus frais. Et comme tout le monde sait le froid...conserve!
Les plans inclinés
dont on peut retrouver des vestiges à Ollantaytambo en la partie gauche arrière des six blocs de porphyre rose. On retrouvera le principe de ces plans inclinés aussi sur le site funéraire de Sillustani. Ces plans inclinés constituent des assises solides réglables et démontables, pouvant supporter le poids de groupes importants d’hommes qui tirent, poussent, soulèvent des matériaux lourds. Insérant magistralement des constructions incas dont certaines dépassent les huit mètres de haut dans un environnement colla quelles veulent apparement dominer tout en jouant une certaine intégration en s’érigeant dans dans un cadre funéraire commun.

 


En ce qui concerne les autres constructions  ayant pour fonction d'être des Kallankas ou salles communautaires destinées à rassembler la population à l'abri de la pluie, de la grêle ou autre suffisament grande pour recevoir des centaines de personnes à la fois, abritant fêtes, cérémonies, permettant d'y manger etc.
 
Les édifices réalisés sont souvent de murs légèrement inclinés vers l'intérieur, dans des ensembles rectangulaires, mais l'on retrouve aussi des constructions de formes pyramidales en escaliers, parfois réalisées pour des adoratoires ou "USHNU" comme à Vilcashuaman


Certaines constructions sont aussi en fer à cheval ou en U comme à Machu Picchu, sur le chemin de l'Inca ou des escaliers à Sacsayhuaman.


ou encore de formes circulaires pour la constructions de colonnes comme à Raqchi, tours, chateaux d'eau et autres comme à Sacsayhuaman
 



La taille, volume, poids, types des pierres, alignement, types de constructions varient énormément mais peuvent donner de indications sur les types de bâtiments face auxquels on se trouve selon la région.
 
 

  "Pirka" ou mur de pierres et  mortier     formation murale 
    fait de boue


 
Pierre à "douze angles"                            formation murale impériale
 
Les blocs peuvent  être épais et polis sur plusieurs faces. Certaines pierres sont taillées comme de cales et sont placées les dernières, en différents endroits de la rangée et de façon espacées pour "serrer" la file horizontale de blocs et la rendre plus compacte.

Pour les portes elles sont fermées de tentures, de planches de panneaux de bois ou d'léméents plus massifs à la façon de "portes levis" qui se lèvent grâce à une corde à la verticale jusqu'à un anneau de pierre situé au-dessus de la porte tandis que de part et d'autre de celle-ci des enfractuosité avec un cylindre de pierre y encastré permette grâce à une planche ou un tronc transversal d'être "verrouillé" de l'intérieur.

Tout l'empire est sujet à mouvements telluriques, à séismes.
Les constructions les plus importantes et surtout en la capitale doivent en tenir compte:
Les  fixations des blocs et les techniques d'ancrage anti-sisimiques sont donc multiples.
Des système d'agraffes, de bois, de pierre ou métalliques

Des agraffes de différentes formes mais surtout en forme de H permettant de mainteni unis deux blocs de pierre ou de les ramener l'un vers l'autre en cas de mouvement tellurique.
Tenons et mortaises de pierre

Imbrications
inclinaisons concentriques etc.
Le plus souvent les parties supérieures sont en adobes voire en torchis ce qui pourrait être moins dommageable pour les habitant en cas d'effondrement que des mur de gros blocs de pierres. La stabilité pourrait aussi être accentuée par le fait que le poids le plus important reste dans la partie basse des construction.

 


Le "confort" implique aussi l'hygiène, les bains et la gestion de l'eau dans les complexes architectoniques de cités, de villes et aux abords de celles-ci, tant pour la     distribution de l'eau jusqu'aux points d'approvisionnement et chaque quartier et "cancha" dans Cusco devait en être pourvue comme les autres cités et villages un tant soit peu important,  comme des éléments d'évacuation de cette même eau une fois souillée.
Encore actuellement des vestiges des rigoles d'évacuation d'eau et nottament de pluie sont visibles au milieu des ruelles voir le long des bâtiments.






Même l'agriculture nécessitera du génie des architectes et des constructeurs


Les mesures d'une façon générales étaient:
un doigt : rukana (1,6 cm)
un pouce: ñaupa rukana (selon les versions: 2,5 ou 5 cm)
une paume: tajlla (10cm)
une main: maqui (15cm)
un coude: cuchuj (40cm)
un pied: chaqui (27cm)
un pas: t'atki (1,20m)
un bâton ou vara: sikay (0,80cm)
une hauteur d'homme (époque inca) : sayai (environ 1,60m)
une cordée ou corde: huasca (6, 40m)
une lieue inca: tupu (environ 6 km)
un wamani (environ 180km)







Routes, chemins et autres voies de communications
Pour assurer  la gestion et le contrôle d'un seigneurie devenue royaume commençant à ressembler à un véritable empire  en un temps qui est fait de conquêtes et
d'envoi de parents, de frères aux frontières que l'on repoussent toujours aussi grâce à eux les dangers externes et ...internes! Il faut se rendre indispensable, permettre et contrôler les voyages des marchandises et des biens sur toute l'étendue du territoire et pourquoi pas au-delà de celles-ci, pour les trocs et autres échanges sur les katus ou marchés, pour les cadeaux aux curacas, aux chefs fidèles ou à fidéliser ou à acheter, et assurer les réserves nécessaires.  Cela débouche en un réseau "routier" extrêment étendu qui du Nord au Sud parcours plus de 5000km et d'ouest en Est selon la zone peut dépasser les 700km appelé le "Capac Ñan" ou "le chef des chemins" (sorte d'autoroute, voie principale, "nationale"), marqué en principe par l'instauration d'un "tambo" ou relais à chaque fois que l'on atteint la distance que peut parcourir en marche normale un troupeau de lama chargé (entre 40 et 45 kg), soit sur des distances oscillant entre 15 et 20km selon la configuration du chemin et de la géographie qu'il traverse, que le chemin soit plat, pentu, en escalier, au niveau de la mer ou en altitude, en zone tempérée ou très chaude ou encore très froide.
 
Il faut dominer l'information. Etre informé rapidement de tout ce qui se passe d'un bout à l'autre de la nation grâce à un réseau d'espions efficace, d'une administration centralisée et de fonctionnaires zêlés qui rapporte toute chose dans l'instant ou presque grâce à un système de messagers ou chaski qui en courant de toutes leurs jambes sur des distances de 3 km environ passant alors le relais à un autre messager et prendra du repos en attendant un nouveau message à transport soit 3km plus loin soit en revenant sur ses pas.  Samana, tampus ou tambos, colcas, markas, llactas sont autant de points de repères pour le voyageur, de points stratégiques pour la gestions de l'empire.

Puis il faut, si les nouvelles sont alarmantes que ses armées puissent se rendre rapidement, en quelques jours à peine, à n'importe quel point de l'empire pour y résoudre n'importe quel  problème.

Mais pour cela il faut:
des routes, des chemins surs ou stratégiques,  non encombrés, rapides et desservant toutes les régions en franchissant tous les obstacles avec des ponts lorsque nécessaires.
des lieux de repos, d'approvisionnement où ils peuvent se pourvoir de tout ce qui leur est nécessaire (nourriture, boissons, sandales de rechange, armes comme arcs "pictas", munitions (pierres calibrées pour les frondes "huaracas", flèches, lances, javelines, masses, épées "macanas", liwis "bolas", casse-têtes "poras", etc), des bêtes de bat, des vêtements, des étendards etc.
 




L'architecture et la construction rurales actuelles
sont toujours marquées de cet héritage traditionnel et continuent d'utiliser l'adobe (de la terre mouillée mélangée à de la paille et dans le passé parfois à du sel et des oeufs pour améliorer leur liant) tassée dans un moule le plus souvent rectangulaire et de bois, pour nombre de constructions.

Le concept prévoit toujours des espaces fermés comme clotures et des âtiment en adobes seuls et/ou pierres, les toitures étant faites d'une charpente de bois et la couverture du toits d'herbes sèches appelées "ichu".


Curieusement c’est surtout dans les cultures non inca ou la précédant que l’on trouve le plus de plâtre et de stuc pour revêtir intérieurs ou extérieurs des bâtiments.D’ailleurs ceux-ci sont souvent peint pour en rehausser le côté décoratif.
Ce qui est aussi le cas de Pickillacta. Les carrières de chaux et de plâtres de la zone fournissant la matière première sont encore utilisées aujourd’hui.  
    


Actuellement la "calamina" ou tôle ondulée (élément "pratique" et "économique" importé de nos contrées qui ets très mauvais isolant thermique transforme les maison en four lors de fortes chaleurs, laisse passer le froid, fait grand bruit lors de pluie etc,)  remplace l'ichu ou encore les tuiles sur les toits.
Heureusement certtaines villes et villages en sont toujours à la tuile pour les toitures, grâce au fait que certaines zones andines possèdent des terres excellentes pour leur fabrication.

Un peu plus sur l'architecture rurale d'hier et aujourd'hui
Aujourd'hui, les vestiges même de l'époque coloniale sont souvent en piteux état, qu'ils soient habités ou  à l'abandon, en zone rurale ou de ville.
On peut toutefois se faire envoyant ce qu'il  en reste se faire une idée de leur aspect à leur "apogée".


Un peu plus sur l'architecture de ville coloniale, républicaine et actuelle
Des bâtiments de Lima

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